Texte et photos Anne Riou/Paris Pas Cher.
Les Beaux Arts, ça ne se sait pas (ou peu), proposent des cours de dessin pour adultes avec modèles. Les banlieusards peuvent y venir sans avoir à payer de supplément.
Les modèles sont des pros, qui ont souvent des années de pratique. Il y a 18 à 20 étudiants par cours de 2 à 3 heures.
Le premier jour, tout bleu, on arrive avec sa peur de la feuille blanche. Autour de soi, les étudiants s’installent. Ils choisissent leur place près de l’estrade où va s’installer le modèle. Ils accrochent leurs feuilles sur un plateau de bois qu’ils posent chacun sur un chevalet.
Le modèle entre, se déshabille, prend la pose.
On ressent une petite gêne à voir, soudain nue, une personne qu’on ne connaît pas. Mais, le fusain en main, il faut dessiner, et vite : les poses d’1 minute se succèdent. 1 minute, ça passe très, très vite. Il faut arriver à saisir la dynamique de la pose et les caractéristiques du modèle. C’est simple à dire, mais à faire…. On dessine et très vite, on ne voit plus du modèle qu’un volume à dessiner. Et transparaît, aussi, sa force ou sa vulnérabilité, sa souplesse ou sa raideur, son extraversion ou sa timidité, sa grande bonne volonté ou son indifférence. Les poses d’1 min servent à délier le bras et la main, à apprivoiser la feuille blanche.
Le vendredi soir, pour les cours de 3 heures, le professeur est Maryline Genest. Peintre elle-même. Elle passe d’un chevalet à un autre, se plie à la personnalité de chacun tout en réussissant à en faire émerger l’originalité, corrige, conseille, encourage. Sa joie de vivre vous met tout de suite à l'aise. Ses corrections sont à la fois précises et précieuses : à un étudiant en panne depuis plusieurs séances, elle propose de changer de technique. Lâcher le fusain pour la sanguine, ou l’encre, ou le pastel, la mine graphite ou encore le pinceau selon son degré de maîtrise.
Trois quarts d’heure ont passé. C’est l’heure de la pause. Chacun va examiner le travail des autres, sans juger : 18 étudiants signifient 18 dessins très différents les uns des autres. On apprend beaucoup en observant le travail du voisin puis, pendant la séance, en le regardant dessiner.
Les poses reprennent. Selon le niveau des étudiants, elles seront de 1 min encore ou 5 min ou ¼ d’heure.
Trois heures sont déjà passées. En partant, on se sent juste assez "en main" pour continuer. Dans la jolie cour à l’italienne éclairée doucement la nuit, la fontaine murmure. La semaine d’attente sera longue.
Adresse :
Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts
14 rue Bonaparte. 75006 Paris. M° Saint-Germain des Prés.
Tél. 01 47 03 50 00. www.ensba.fr
Par trimestre, les cours coûtent 340 €, ce qui revient à peu près à 8,90 € de l’heure, soit beaucoup moins que ne coûtent pas mal d’ateliers moins prestigieux.
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